Extracto de la entrevista realizada para una publicación francesa:
- Groupe espagnol mythique s'il en est, Sr. Chinarro a sorti en tout début d'année "Cobre Cuanto Antes", son sixième album. Revenons sur ce disque passionnant avec la tête pensante de cette formation, Antonio Luque, dont les réponses cryptées sont fidèles au personnage qu'il s'est construit et démontrent son goût modéré pour les interviews.Je voudrais commencer par un petit retour en arrière. "La Primera Ópera Envasada Al Vacío", ton précédent album, semblait constituer un tournant dans les compositions. Moins facile d'accès et fait d'une atmosphère plus sombre. As-tu le même sentiment et, si oui, comment expliques-tu ce changement ?Toutes les chansons antérieures à "La Primera Ópera Envasada Al Vacío" étaient composées sur fond d'agitation intérieure. J'avais décidé de montrer directement ce mal : je n'avais pas envie de broder. Une étape difficile je suppose. Néanmoins, je peux encore écouter ce disque sans rougir."Cobre Cuanto Antes" semble au contraire vouloir renouer avec des compositions plus pop, tout en conservant une partie de l'esprit de "La Primera Ópera Envasada Al Vacío". Ton dernier album peut-il donc être considéré comme une synthèse de l'oeuvre que tu élabores depuis le début où est-ce simplement un retour à des mélodies plus évidentes ?Je préfère l'option "synthèse". Une sorte de passage en revue. Un opéra emballé dans un panier (en trois points)*. Mais avec des boîtes de conserve simples. Aucune mélodie n'est évidente ou toutes le sont. Les harmonies voyagent au peuple de manière dissonante.* Ndt : référence au titre de l'album "La Primera Ópera Envasada Al Vacio".Je trouve que la musique de Sr. Chinarro se situe à l'intersection d'une certaine pop anglo-saxonne et d'un son très espagnol. Le résultat en est un son très singulier et reconnaissable tout de suite. Comment expliques-tu ceci ? Est-ce une recherche clairement définie ou simplement la conséquence naturelle de tes influences ?Il faut écarter la première théorie. Il n'y a rien que je sois capable de chercher de manière bien définie. Si c'était le cas, je ne chercherais pas des chansons. Du business peut-être. J'étais et je suis avant tout un passionné de musique. Elle a de l'influence, évidemment. Mais qu'est-ce que la musique espagnole ? Camarón*, Golpes Bajos*, OT* ? Je ne sais pas.* Ndt : Camarón est un chanteur de flamenco, Golpes Bajos est un groupe pop espagnol et OT (Operación Triunfo) est l'équivalent de notre Star Academie.The Cure et Joy Division étaient des influences évidentes sur les premiers albums. Quelles les autres groupes qui sont importants pour toi ?Les quatre premiers disques de Echo & The Bunnymen, Durutti Column, The Sound, The Smiths, Bauhaus, Swans, O.M.D. et des choses comme ça (quand j'étais plus jeune). Tarwater, Coldplay , Hood, Jimmy Hendrix, Underworld, Antonio Machín (plus varié et moins passionné aujourd'hui). La critique est souvent très élogieuse à l'égard de Sr. Chinarro. Le public suit-il bien ? Quels sont les pays les plus réceptifs à ta musique ?Je suis beaucoup plus reconnaissant aujourd'hui. Une fois que j'ai accepté le poids de l'industrie et des relations interpersonnelles toujours troubles, je trouve incroyable qu'on me fasse un compliment comme ça, que cela vienne des critiques ou du public : c'est pareil (les premiers sont moins nombreux).Je n'imagine pas mes disques dans d'autres pays. Quand je lis que l'un d'eux s'y trouve, ça me semble être un récit mythique internaute.Chanter en Espagnol pose-t-il un problème pour s'exporter ?"Trescientos Millones" était le nom d'un programme télévisé hispanophone. L'Amérique du Sud est en outre le territoire que j'aimerais le plus visiter. Je ne serais pas contre le fait que les chansons soient "doublées" en Français ou en Anglais. J'ai parfois pensé à ça pour arrêter de chanter, plus que pour l'exportation.On dit souvent qu'un groupe qui ne chante pas en Anglais a moins de chances de réussir à l'étranger, sous prétexte que les paroles ne seront pas comprises. Or, en France par exemple, rares sont les personnes qui comprennent parfaitement l'Anglais. Comment analyses-tu ce paradoxe ?Incroyable : je n'ai pas d'explication. Paradoxalement. Ou alors c'est que ces musiques sont nées ici comme les hamburgers et devraient être nommées en anglais. Ou alors elles sont nées à Hambourg ? Ou alors la musique n'est née nulle part ? Ou alors, chaque poésie a son propre langage ? Je n'ai pas d'explication.Que penses-tu de la sensibilité de la France aux musiques espagnoles et inversement ? Les Espagnols ne sont-ils pas plus curieux de ce qui se passe en France que l'inverse ?Je ne sais rien de ça non plus. Je demanderai aux gens de la banlieue.Tu as la réputation de changer souvent de musiciens. Est-ce toujours vrai et est-ce un choix artistique délibéré ?Ce n'est pas intentionnel. Se renouveler ou mourir. Vivre de la musique ou vivre d'un travail. Je préfère les quatre à la fois, rien de plus. Il y a des gens que cela épuise et qui s'en vont.Des voix féminines se sont faites entendre sur certains albums. Une certaine Sandra par exemple. Pourquoi avoir abandonné ce mariage des voix masculines et féminines ?Je le reprendrai sans doute. Une candidate ?Quelles sont tes principales sources d'inspirations et comment procèdes-tu pour composer tes morceaux ?L'été, la jalousie, le si mineur, des bourdonnements divers et variés, un folklore antipathique, les disques que j'aime et moi aussi.Des concerts sont-ils prévus en France ?Non, j'en serai ravi quand ce sera possible.